samedi 17 juin 2017

Joyaux de la Couronne du Portugal (2ème partie)


    Symboles du pouvoir royal






    En 1640, une révolte du peuple portugais, soutenant le Duc

    de Bragança, D.João, contre l'occupant espagnol, voit arriver 
    la 4ème dinastie.



 


     Armoiries de la Maison Ducale de Bragança


    Après les Maisons Bourguignone ou Alphonsine, d'Avis 
    et des Habsbourg, c'est la Maison de Bragança qui prend 
    en mains les destins du Portugal.
    Le nouveau Roi, D.João IV, inaugure un nouveau rituel
    pour la cérémonie du couronnement des rois du Portugal.
    Pour son intronisation, la couronne fut déposée au pieds de 
    la statue de Notre Dame de Vila Viçosa, ville où se trouve le 
    Palais Ducal.




     D.João IV sur son cheval, en plein centre de la place du palais
     Praça do Rossio, Vila Viçosa, Alentejo





     Palais Ducal de Vila Viçosa, Alentejo


    Lieu de mémoire, se palais intègre les biens de la 
    Fondation de la Maison de Bragança, en accord
    avec le testament du dernier Roi, D.Manuel II.

    Le Palais Ducal est un édifice monumental dont la construction
    a débuté en 1501, selon la volonté du 4éme Duc de Bragança,
    D.Jaime. Son agrandissement et améliorations se poursuivirent
    tout au long des XVIème et XVIIème siècles, conférant au bâtiment
    sa dimension et caractéristiques actuelles - une façade comptant
    110 mètres de longueur, unique du point de vue de l'architecture 
    civile portugaise et qui révèle une inspiration classique et maniériste.  
    De résidence permanente de la première famille de la noblesse
    portugaise, le Palais devient une résidence royale parmis les autres,
    avec l'acclamation de D.João, 8éme Duc de Bragança comme
    Roi du Portugal, en 1640.
    Le Palais Ducal sera le scénario de grands événements comme 
    ceux des doubles mariages entre les enfants de D.João V et,
    plus tard, de D.Maria I avec ceux des souverains espanhols,
    épisodes connus comme l'Échange des Princesses, afin de 
    renforcer l'alliance entre les 2 royaumes ibériques.





    Ces mariages ont été à l'origine des travaux qui ont bénéficié 
    le Palais, au niveau de l'étage noble, de la cuisine et de la chapelle
    royale, et cela au XVIIIème siècle.





     Partie de la cuisine du Palais de Vila Viçosa 
     et son immense collection de cuivres



    Au XIXème siècle, les visites jusqu'alors éphémères de la Famille 
    Royale deviennent fréquentes et pour cela les intérieurs du palais 
    sont améliorés tout au long des règnes de D.Luis I et de D.Carlos I,
    pour plus de confort afin de recevoir la famille et la nombreuse 
    comitive, durant les excursions pendant les périodes de chasse.




     Char à bancs commandé par la Reine D.Maria II, pour permettre 
     les déplacements de sa nombreuse famille.
     Voiture de chasse, vers 1850
     Fabrication de la firme Thrupp & Co.
     Dim. 420x205x280 cm
     Écurie du Palais de Vila Viçosa


    Après l'établissement du régime républicain, en 1910, 
    le Palais Ducal est fermé et ses portes ne seront pas réouvertes
    avant les années quarante, après la création de la Fondation de 
    la Maison de Bragança et suivant le testament du Roi D.Manuel II.

    Le musée refflette la vie de ses différents occupants de jadis, avec
    ses espaces intérieurs renaissants mais aussi ceux marqués par les
    XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, habités successivement par 
    les ducs, puis par les souverains, à partir de D.Joāo IV, 
    8ème Duc de Bragança.
    Les appartements privés sont restés tels quels et on imagine 
    facilement la présence de la reine D.Amélia, du Roi D.Carlos 
    et de leurs enfants, D.Luis Filipe et D.Manuel, dans cette atmosphère 
    nostalgique, d'un grand palais en plein milieu de la campagne.
    Le Domaine Royal, dont une des portes d'accès se trouve non loin
    du Palais est le plus grand espace muré du pays avec 6 km de
    longueur sur plus de 3 km de largeur. En tout, le Domaine s'étend 
    sur plus de 1500 hectares, traversant les municipalités 
    de Vila Viçosa, Borba et de Elvas.
    On peut y trouver une faune (des cerfs, des daims et des sangliers,
    qui faisaient alors les délices des chasses, dont la famille de 
    Bragança a toujours été friande) mais aussi une flore très diversifiées.




     Une des sales du Musée de chasse du Palais Ducal


    Il ne faut surtout pas perdre cette visite au Palais, tout comme 
    le musée des carrosses, dont une grande partie est un dépôt 
    du musée des carrosses à Lisbonne, qui regroupe aussi les 
    voitures de la Maison Ducale, certaines de la Maison Royale, 
    auquelles se sont ajoutées de nombreuses voitures champêtres, 
    acquises par l'Etat au Conte de São Martinho, D.José de Siqueira.
    La collection de Vila Viçosa, regroupant 80 exemplaires du XVIIème 
    au XXème siécles, ainsi que de nombreux harnachements de cheveaux, 
    est considérée la plus grande et la plus variée d'Europe, 
    Je ne peux pas m'empêcher de rendre hommage à la reine D.Amélia
    qui a compris l'importance de cette collection extraordinaire et qui
    créa le Museu dos Coches Reais à Lisbonne, en 1905, dans le 
    manège royal, construit en 1726 par l'architecte Giacomo Azzolini,
    intégré dans l'ensemble du Palais de Belém, aujourd'hui siège 
    de la Présidence de la République. 
    La collection primitive exposée comptait 29 voitures, des uniformes 
    de gala, des harnais de tirage et des accessoires de chevalerie,
    utilisés par la Famille Royale.
    Aujourd'hui le Museu Nacional dos Coches, à Lisbonne, est un des 
    musées les plus visités au Portugal, toutefois, il ne faut surtout 
    pas négliger celui de Vila Viçosa, car le détour en vaut absolument la peine.
    Voitures d'apparat, berlines, landaus, voitures de promenade,
    cabriolets (à 2 roues), chaises à porteur, nous emmènent dans un monde
    révolu mais qui n'a pas pour autant perdu tout son charme.




     Partie de l'enceinte du palais




     Vue latérale gauche




     Panthéon ducal - église des Augustins


    Mais revenons aux Joyaux de la Couronne

    Pour le cérémonial de son intronisation, D.Joāo IV 
    décidé de changer la tradition, déclarant la Vierge, 
    véritable Reine du Portugal. 
    Dorénavant, les monarques portugais ne seront 
    plus couronnés mais acclamés. Présente, lors
    de l'acclamation d'une nouvelle reine ou bien d'un 
    nouveau roi, la couronne aura un statut purement 
    symbolique, de souverainté, garant de l'unité et de 
    l'indépendance nationales et ne sera plus portée lors 
    des cérémonies officielles.
    Avant l'occupation par les Habsbourg, les monarques 
    recevaient la sainte onction et étaient couronnés au 
    Monastère des Jerónimos, à Belém, près de Lisbonne.

    L'effondrement du Palais de Ribeira, le 1er novembre 
    1755, durant le violent tremblement de terre, fut à 
    l'origine de la disparition à jamais de plusieurs joyaux 
    de la couronne, broyés par l'écroulement de la Tour Terzy, 
    où ils étaient conservés, détruits par le feu ou avalés par 
    la mer, qui déchaînée entra dans Lisbonne.
    Seuls furent sauvés les bijoux portés par la Famille Royale 
    qui séjournait, ce jour-là, au palais de Belém, endroit qui 
    fut moins affecté.




    D'autres fatalités de la nature attendaient la Famille Royale, quand 
    un violent incendie détruit complètement la nouvelle résidence royale 
    en bois, érigée sur les hauteurs d'Ajuda, richement meublé et garni 
    de préciosités qui sont disparues, en novembre 1794.
    La mode de recouvrir les parquets de tapis de paille aura été fatale,
    lors de la chute d'une bougie... 
    Cette résidence avait été construite en bois par ordre du roi, 
    afin d'éviter toute conséquence d'une éventuelle secousse sismique, 
    comme celle de 1755. Il faut signaler que de fortes répliques se sont 
    faites sentir pendant plusieurs mois après le grand séisme.
    Il faut, je pense, être d'accord avec les propos du conservateur
    Gérard Mabille, tenus dans le livre "Orfèvrerie française des XVIème,
    XVIIème et XVIIIème siècles, chez Flammarion, Paris, 1984"
    quand il nous dit que «la disparition des bijoux n'a jamais été
    accidentelle, bien au contraire, c'est leur conservation et leur
    existence qui finit par nous étonner».

    Quand la cour s'installa au Brésil, des suites des invasions françaises
    de la Péninsule Ibérique, au début du XIXème siècle, D.João VI fit
    faire de nouveaux bijoux et enseignes royales, puisant dans les riches 
    collections de diamants et autres gemmes qui appartenaient 
    à la Couronne du Portugal.
    Il ne faut pas oublier que tout diamant trouvé au Brésil, ayant 20 carats 
    ou plus, était directement propriété de la Couronne.
    Ces objets  furent créés par le joaillier de la maison royale, 
    António Gomes da Silva, mais aussi par le polonais, 
    Ambroise Gotlieb Pollet.




     Couronne Royale du Portugal
     António Gomes da Silva, orfévre du Roi D.João VI
     Rio de Janeiro, Brésil, 1817
     Or, argent, velours, fer
     300x395mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


     Cette grande couronne est composée de huit arcs perlés 
     fermés reposant sur des feuilles d'acanthe, qui supportent 
     une sphère sur laquelle s'élève une croix radiante.
     La base présente une frise aux feuilles de laurier.



     Détail de la couronne



    À la mort de  D.Maria I, en 1817, le garde-joyaux 
    de la Couronne - le Vicomte de Vila Nova da Rainha, 
    - a payé à l'orfèvre António Gomes da Silva les objets 
    nécessaires à la cérémonie d'acclamation du nouveau 
    souverain, D.João VI.
    Avec le départ de la Famille Royale portugaise 
    et de la Cour, vers le Brésil en 1807, un grand nombre 
    d'artisans de toutes professions ont débarqué avec leur 
    savoir faire et ont travaillé et enseigné leurs arts. 
    C'est Inácio Luís da Costa qui a réalisé dans l'atelier d'António 
    Gomes da Silva, à Rio de Janeiro, la nouvelle couronne royale
    portugaise qui accompagnera tous les Rois du Portugal,
    de D.João VI jusque D.Manuel II.




     Sceptre de la monarchie absolutiste (partie supérieure)
     Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves
     Or
     Début du XIXème siècle
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa





     Manteau royal de la monarchie absolutiste, 
     créé pour l'acclamation du Roi D.João VI 
     à Rio de Janeiro, le 6 février 1818
     Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves
     Début du XIXème siècle
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa





     D.João VI Roi du Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves

     Le souverain porte plusieurs joyaux de la couronne:
     les boutons sertis de diamants sur la jaquette et sur le gilet; 
     en bandeau sur l'épaule droite - retenues par une barrete -, 
     le grand insigne (que l'on peut voir plus bas sur un détail 
     de ce tableau) des trois Ordres Militaires et Religieux Portugais: 
     ceux du Christ, de Saint Benoit d'Avis et de Saint Jacques de l'Épee 
     réunis par la Reine D.Maria I et celui de l'Ordre de Charles III d'Espagne.
     Le Roi porte aussi le grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or, 
     la grande plaque des trois Ordres et la plaque de l'Ordre de Charles III 
     (D.João VI s'est marié avec D.Carlota Joaquina, fille du roi Charles III).

    Inspirés de l’idéal chevaleresque et de la solide organisation 
    des ordres chevaleresques et religieux, les princes européens 
    fondent à partir du XIVème siècle leurs propres ordres afin de renforcer 
    leur puissance politique en s’assurant la fidélité de la noblesse.
    C'est dans cette tradition que D.João, encore prince régent, 
    crée le 4 novembre 1801 l'Ordre Royal de Ste Isabelle
    (reine du Portugal entre 1282 et 1325). Cet Ordre était 
    exclusivement féminin et était décerné à des dames catholiques, 
    de la haute noblesse, dont le nombre était limité à vinte six.





     Argent, brillants (20 boutons)
     12x18mm
     Portugal, XVIIIème siècle
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa

     Argent, brillants, diamants roses (23 boutons)
     13x21mm
     Portugal, XVIIIème siècle
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa

     Ces boutons sertis de diamants se reconnaissent sur
     l'iconographie des souverains portugais à partir de D.José I,
     comme on peut le reconnaître ci-bas, sur un détail
     d'un tableau représentant D.João VI.





     L'ensemble comptait à l'origine 86 boutons. Sur l'inventaire
     établi entre 1842 et 1844, leur nombre s'élevait à 46.
     Il en reste 43, dont 23 boutons ayant au centre un diamant 
     de 15 carats entouré de deux cercles concentriques de 
     diamants de moindre dimension.
     Les 20 autres boutons, de la même forme, ont un diamant
     de 10 carats au centre.



   Ordres Militaires et Religieux



     Grand insigne des Trois Ordres Militaires 
     et Religieux Réunis (Christ, Saint Benoît d'Avis 
     et Saint Jacques de l'Épée) surmonté du Sacré Coeur.
     Ambroise Gottlieb Pollet
     Portugal, Lisbonne, 1789
     Or, argent, brillants, rubis, émeraudes
     159x102x20mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
     

     L'ensemble intègre quelques gemmes de grande taille 
     et qualité surprenantes, leurs poids se situant 
     entre 12 et 26 carats.




     Sur ce détail on peut apperçevoir le grand insigne, 
     suspendu au bandeau que porte D.João VI.


    Le Sacré Coeur surplombe le grand insigne et la grande 
    plaque des Trois Ordres. Citant Eduardo Romero de Oliveira, 
    docteur en Histoire et professeur à l'Universidade Estadual 
    Paulista, au Brésil, dans son article "L'idée d'un Empire et 
    la fondation de la monarchie constitutionnelle au Brésil 
    (Portugal - Brésil, 1772-1824); «pendant le régne de 
    D.Maria I (...), les Ordres religieux du Christ et de Saint 
    Jacques de l'Épée promouvaient l'exercice de l'amour 
    du Christ, symbolisé par l'insigne du Sacré Cœur, en tant 
    que pratique civile de dévotion. La dévotion devient plus 
    visible par des décorations monarchiques, qui sont attribuées 
    en reconnaissance de services rendus au Régent
    (futur D.João VI). C'est de cette façon que le règne de 
    D.Maria I initie un culte religieux à travers l'État:
    L'obédience politique a pour but l'amour envers Dieu. 
    Ainsi, (...) l'État devient plus religieux dans son fonctionnement 
    et ses fins car la promotion des vertus chrétiennes s'établirait 
    par l'éxecution des fonctions publiques. La relation entre 
    dévotion et assujettissement s'altère donc, car si auparavant 
    l'ancienne notion d'empire les remettaient à une dimension 
    distincte (empire civil et église), à partir du règne de D.Maria I 
    elles se superposent dans la notion d'empire civil.»
    Il faut aussi tenir compte que, à la fin du 18éme siècle, 
    la dévotion au Sacré Cœur sera le fanion des catholiques 
    fidèles, en Europe, face à la Révolution française.


    Cet ordre était la distinction honorifique la plus élevée, dont les
    souverains et souveraines du Portugal étaient le grão-mestre 
    (grand-maître) et pouvait seulement être accordé à d'autres 
    chefs d'état.
    De nos jours il est porté exclusivement par les présidents 
    de la république, qui le reçoivent quand il prêtent serment.



     Revers du grand insigne





     Grande plaque des Trois Ordres Militaires et Religieux Réunis
     Ambroise Gottlieb Pollet
     Portugal, Lisbonne, 1789
     Or, argent, brillants, rubis, émeraudes
     129x122x22mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


    L'ensemble des brillants tourne aux alentours de 600 et le
    poids s'éléve à environ 117 carats. On y retrouve aussi
    109 rubis et 66 émeraudes.

    L'Ordre Militaire du Christ fut établi par le Roi D.Dinis
    en 1318 et confirmé par la Bulle Ad ea quibus, attribuée 
    par le Pape Jean XXII à Avignon, en mars 1318.
    En effet, D.Dinis en avait fait la demande au souverain 
    pontif afin de parvenir à ce que le nouvel Ordre puisse 
    succéder à l'Ordre du Temple, éteint en 1311 par le 
    Pape Clément V.
    Les biens que les Templiers avaient au Portugal ont étés 
    attribués au nouvel Ordre de Notre Seigneur Jésus Christ, 
    dont le premier siège fut instalé à l'église de Santa Maria 
    do Castelo, à Castro Marim.
    En 1356, le siège est transféré au château de Tomar,
    ancien siège de l'Ordre du Temple au Portugal.
    C'était alors un ordre religieux au sens le plus strict,
    ayant pour souverain le Pape et étant les Grands-Maîtres
    des chevaliers profès avec vœux de pauvreté.
    Le grand moment pour l'Ordre fut la nomination de l'Infant 
    D.Henrique (Henri dit le Navigateur), duc de Viseu, comme
    gouverneur et administrateur. Le célèbre Infant, seigneur
    d'une grande partie des terres du royaume, ne pouvait
    prêter serment de pauvreté, ce pourquoi ce nouveau poste
    fut créé.
    Les importantes ressources des biens gérés par l'Infant,
    sont alors utilisés afin de permettre le financement des
    Découvertes, grand projet national. La Couronne Portugaise
    exerçait de cette façon le contrôle total de l'Ordre du Christ,
    qui surveillait non seulement l'administration spirituelle sur
    les térritoires découverts mais aussi l'administration temporelle,
    ce qui la rendait très puissante.


     L'Ordre de la Toison d'Or


     Grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or
     Ambroise Gottlieb Pollet
     Portugal, 1790
     Or, argent, brillants, rubis, saphir du Ceylan 
     272x122x27mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa

    L'Ordre de la Toison d'Or fut créé à Bruges en 1429, 
    à l'occasion du mariage entre Philippe le Bon, de la 
    Maison de Bourgogne et de l'Infante Isabel du Portugal, 
    fille de D.João I.
    Nomée ainsi par référence à la légendaire toison - peau 
    dorée d'un bélier venu du ciel qui, imbue de pouvoirs 
    magiques, était pendue à un arbre en Colquide et aurait 
    été l'objectif de l'expédition des Argonautes, dirigés par 
    Jason, qui aidé par Médée l'aurait conquise.
    Ce fut pour donner l'exemple de Jason et de ses 
    compagnons, dont faisaient partie les grands héros de 
    l'époque, comme Ulisses et Hercules, que le 
    «Grand-Duque d'Occident» établi l'Ordre.
    Placée sous la protection de Saint André et initialement 
    composée par 24 chevaliers, il représente la dernière 
    tentative de créer une élite de chevaliers, associés aux 
    vastes ambitions de la Maison de Bourgogne, qui pendant 
    trois siècles fut liée à la monarchie portugaise.
    Aprés la mort de Charles II d'Espagne, chef de la Maison
    de Habsbourg, l'Ordre fut divisé en deux branches,
    l'espagnol et l'autrichien.
    L'Ordre de la Toison d'Or est composé uniquement par
    une classe de dignitaires appartenant presque  
    exclusivement à des familles royales et de la haute noblesse.
    Selon des documents datés de 1825, la Toison d'Or aurait
    été attribuée au prince D.João (futur Roi D.João VI, qui est
    ainsi devenu le membre nº802, le 3 Mai 1785 au Palais 
    de Vila Viçosa.
    



     Détail du Grand Insigne de l'Ordre de la Toison d'Or





     Partie arriére du Grand Insigne de l'Ordre de la Toison d'Or





     D.João VI portant le Grand Colier 
     de l'Ordre de la Toison d'Or
     Une barrete sur l'épaule soutient le bandeau 
     des 3 Ordres Réunis et celui de l'Ordre 
     de Charles III d'Espagne
     Portugal, XIXème siècle 





     Barrete de soutient pour bandeau d'ordre
     Or, diamants blancs et jaunes, rubis et spinelle
     99x36x13mm
     Portugal, XVIIIème siècle (1ère moitiée)
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


    Cette barrete est formée de 3 corps. Celui de droite intègre 
    un rubis de taille octogonale entouré de 7 brillants; le corps
    central est formé d'un gros brillant oval de couleur jaune 
    clair, ayant 17 carats, et d'un diamant, juste à côté, taillé
    à l'ancienne et en forme de poire; le corps à gauche de
    la photo présente en son centre une grosse spinelle ayant
    22 carats entourée de brillants et un gros brillant de couleur
    jaune, taillé à l'ancienne, avec un poids de 22 carats.
    Ce bijoux est repris sur l'inventaire des biens du Roi 
    D.João VI datant de l'année 1827.




     Détail de la barrete précedente 




     Barrete de soutient pour le bandeau 
     des Trois Ordres Reúnis
     
     Argent, vermeil et diamants
     Ambroise Gottlieb Pollet
     109x37x16mm
     Portugal, XVIIIème siècle (2ème moitiée)
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


    Cette barrete de soutient du bandeau des Trois Ordres Réunis 
    - que l'on retrouve ici bas sur l'épaule droite de la Reine D.Maria I -, 
    est composée de trois gros diamants entourés d'autres de 
    moindre dimension. Elle était utilisée lors de l'acclamation du
    nouveau souverain comme Roi ou Reine du Portugal.
    Elle est formée de 3 corps, étant le supérieur et l'intérieur 
    formés par 2 gros brillants, l'un ayant un poids de 19,50 carats
    et l'autre de 22, entourés par des diamants de moindre dimension.
    Le corps central présente un magnifique diamant en forme de
    poire avec un poids de 16,50 carats.



 

     D.Maria I - première Reine régnante du Portugal
     Portugal, XVIIIème siècle 





     D.Miguel I
     Le Roi porte le grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or,
     les plaques des Trois Ordres Réunis, du Saint Esprit (française),
     de Nossa Senhora de Vila Viçosa et celle de l'Ordre de la Tour
     et de l'Épée.




     Épée du Roi D.Miguel I (détail)
     Or, acier, diamants, brocards 
     Portugal, première moitié du XIXème siècle 



     Manche et boucle de ceinture de l'épée de D.Miguel I 
     Or, acier, diamants, brocards 
     Portugal, première moitié du XIXème siècle 



    L'Ordre de Notre Dame de Vila Viçosa



     Plaque de l'Ordre de Notre Dame 
     de la Conception de Vila Viçosa
     Sur la plaque on peut lire "Padroeira do Reino
     - Patrone du Royaume
     Or et émaux
     Portugal, première moitiée du XIXème siècle
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


     Crée en 1818 par D.João VI, à Rio de Janeiro, plus 
     précisément le 6 février, date de son acclamation 
     comme Roi du Portugal, cet Ordre reconnaît la
     «protection efficace de la Patrone du Royaume,
     face à laquelle l'Omnipuissant a protégé cette 
     monarchie des grands dangers qui la menacent
     par la révolution générale en Europe (...)».
     L'enseigne de l'Ordre fut dessinée par Jean Baptiste
     Debret (1768-1848), peintre français qui avait été
     appelé à Rio afin de former l'Institut des Beaux Arts
     en 1815.
     Debret est devenu peintre de la famille Impériale du
     Brésil, où il s'est établi jusqu'en 1831.



    L'Ordre de la Tour et de l'Épée






     Grand collier de l'Ordre de la Tour et de l'Épée
     Or, argent, diamants, brillants et émeraudes
     Palácio Nacional da Ajuda, Belém, Lisboa


    Le prince régent D.João signe un décret en mai 1808, 
    rétablissant un suposé ancien Ordre de la Tour et de l'Épée, 
    établi en 1459 par le Roi D.Afonso V, inspiré par la légende 
    selon la quelle la domination arabe de l'Afrique serait 
    anéantie quand un prince chrétien arriverait à extraire une 
    épée encastrée dans une tour à Fès, au Maroc.
    (In Chancelaria das Ordens Honoríficas Portuguesas, 
    Imprensa Nacional, Lisbonne, 1968, p.31).

    L'Ordre de l'Épée aurait servi à récompenser les services 
    de chevaliers qui seraient partis à la conquête de l'Afrique. 
    Elle aurait été extinte après avoir été décernée aux chevaliers 
    qui ont pris part à l'occupation d'Arzila et de Tanger. 
    Toutefois il y des courants d'opinion qui soutiennent que 
     l'existence de l'Ordre au XVème siècle n'est qu'une légende.
    Le prince régent D.João voulût ainsi créer un Ordre pouvant
    être attribué à des fidèles d'autres cultes et communions, 
    non catholiques, contournant ainsi l'impossibilité d'attribuer 
    les anciens ordres religieux traditionnels.
    Le motif de sa création se justifiait dans le cas tout particulier 
    de la récompense des anglais ayant participé au transfert 
    de la Cour portugaise au Brésil, lors des invasions françaises.
    Il porte la devise "Valor e lealdade" (Valeur et loyauté).
    Le texte du décret nous informe que la décision fut prise afin
    de rénover et augmenter le seul Ordre de chevalerie civil ayant 
    été créé par les Seigneurs Rois du Portugal", se référant 
    au Roi D.Afonso V (in Melo, Olímpio de; Ordens Militares 
    Portuguesas e outras Condecorações, Imprensa Nacional
    Lisboa, 1922, p.8).



     Le Roi D.Pedro V (1837-1861), porte de Grand collier 
     de l'Ordre de la Tour et de l'Épée




     D.Manuel II, le jour de son acclamation.
     Fils de D.Carlos I, le Roi assassiné en 1908 et
     de D.Amélia d'Orleans (née princesse de France).
     On peut voir à sa droite la couronne et le sceptre
     Il porte le Grand insigne, suspendu à la bande, 
     des 3 Ordres Réunis (Ordre du Christ, Ordre d'Avis 
     et Ordre de Saint Jacques de l'Épée) et le collier 
     de l'Ordre de la Tour et de l'Épée, entre autres.
     Lisbonne, le 6 mai 1908




     Partie supérieure du sceptre de la monarchie constitutionnelle
     Un dragon, symbole de la dinastie de Bragança soutient 
     la Charte constitutionnelle et la couronne
     Or
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa



     D.Maria II - deuxième Reine régnante du Portugal.
     La souveraine tient le sceptre constitutionnel posé 
     sur son bras gauche.




     Manteau royal de l'acclamation de D.Maria II, 
     de D.Pedro V, de D.Luis I, D.Carlos I et de D.Manuel II
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa



    Quelques bijoux portés par les reines du Portugal




     Médaillon (43x48x8mm) et pendentifs (41x19x11mm)
     Or, argent, saphirs, brillants et diamants roses
     Ambroise Gottlieb Pollet
     Portugal, XVIIIème siècle (2ème moitié)
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


    Ce médaillon est constitué d'un grand saphir ayant 100,05 carats.
    Les pendentifs en forme de poire, qui peuvent être séparés,
    apparaissent avec ou sans le médaillon sur des iconographies 
    des reines D.Maria Pia de Savoie et Bragança 
    et D.Amélia d'Orléans et Bragança.



     Les pendentifs pouvaient être portés en boucles d'oreille 
     ou en ensemble avec le médaillon portés attachès 
     à des colliers de diamants.

  


     Les pendentifs



    Des miniatures qui se portent en bijoux


     La reine D.Carlota Joaquina de Bourbon,
     tient une miniature montée en médaillon
     qui représente son mari, le Roi D.João VI



 

     Bague représentant 
     D.Carlos Luís de Bourbon (1799 - 1883)
     Espagne, seconde moitié du XVIIIème siècle
     Peinture sur ivoire, brillants, or, cristal
     45x27x27mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
    
     Ce jeune homme était le neveu 
     de D.Carlota Joaquina.
     Roi d'Étrurie à l'âge de 4 ans, son royaume
     éphémère fut annexé par Napoléon, en 1807.
     

     


     Miniature montée sur médaillon représentant
     le Roi Charles III d'Espagne (1716 - 1788)
     père de D.Carlota Joaquina
     Espagne, seconde moitié du XVIIIème siècle 
     Peinture sur ivoire, brillants, or, soie, cristal
     56x37x6mm
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


    L'art de la miniature est généralement considéré comme
    l'héritier de l'iluminure médiévale. Déjà en vogue avant le
    XVIème siècle, c'est pendant ce même siècle que le
    portrait-miniature connaît son grand essor, renforçant
    une volenté d'affirmation individuelle et du portrait 
    caractéristiques de l'humanisme.
    On considère, tout au long des XVIème, XVIIème, XVIIIème
    et XIXème siècles, deux grandes écoles de miniaturistes,
    l'une française et l'autre anglaise.
    Il y a eu de très bons miniaturistes au Portugal, surtout
    pendant le XVIIIème et la première moitié du XIXème soècles.
    Pendant la guerre civile entre libéraux et les partisans de
    l'ancien régime (absolutistes), entre 1832 et 1834, les nobles, 
    partisans de l'absolutisme portaient des portraits-miniature
    du Roi D.Miguel, souvent incrustés sur des médaillons ou
    bien des bagues, alors que les libéraux les portaient à
    l'image de D.Pedro IV.
  



     Broche
     Or, argent et brillants (le gros brillant de couleur jaune
     fait 32 carats)
     63x47x15mm
     Portugal, XVIIIème siècle 
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
     




     2 Broches en forme de trèfle 
     Or, platine, argent, brillants et diamants roses
     33x25x20mm
     Portugal, 2ème moitié du XIXème siècle 
     Ils ont été volés à La Haie en 2004





     Bracelet ayant une montre
     Or, émaux, diamants roses
     55x76mm
     France, 1ère moitié du XIXème siècle 
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
  
    Ce bracelet a appartenu à la Reine D.Maria II.





      Bracelet
      Cristal de roche, or, diamants roses et brillants
      34x70mm
      France, 1ère moitié du XIXème siècle 
      Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa





     Diadème 
     Or, argent, brillants, diamants 
     93x150mm
     Estêvão de Sousa
     Portugal, Lisbonne 1863
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa


     Ce diadème que l'on peut voir ( en partie) porté par la reine D.Amélia,
     ici-bas, est constitué au total par vinte cinq étoiles de 5 pointes,
     placés en tremblant. 
     



     Chaque étoile intègre en son centre un gros diamant 
     entouré de brillants plus petits et par des diamants 
     qui se prolongent vers les pointes.
     Les neuf étoiles plus grandes - leur taille diminue
     graduellement de l'avant vers l'arrière -, sont amovibles 
     et se trouvent marquées de letres (de A à I), se qui permetait
     leur utilisation de façon différente et les replacer par après 
     à leur place respective, ce qui était l'habitude dans la 
     bijouterie du XIXème siècle.
     Le diamant central de l'étoile la plus grande a 21,60 carats.
     Des 562 pierres utilisées, 502 sont taillées en brillant et
     62 sont taillées à l'ancienne. Personnellement, j'ai toujours
     apprécié davantage les anciennes tailles, car elles ont
     beaucoup plus de charme. 
     Le diadéme est de nos jours complété par un collier 
     intégrant 18 étoiles.
     Crée en 1863, par le bijoutier Estêvão de Sousa, avec des 
     diamants de la Couronne, ce diadéme fut complété en 1866
     par: un devant de corsage composé de 19 étoiles, une broche
     à grande étoile unique, 2 étoiles pour les épaules, 16 demi-étoiles,
     un collier comportant 18 étoiles, un long bracelet intégrant
     20 étoiles, un peigne formé de 5 étoiles et une paire de boucles
     d'oreilles comportant 2 étoiles.
     Cette grande commande faite par le Roi D.Luis I, fut oferte à la reine
     D.Maria Pia (future belle-mère de D.Amélia), en 1863 et 1865.
     Quand D.Maria Pia de Savoie devint reine du Portugal, 
     son mari, le Roi D.Luís I fit faire plusieurs nouveaux bijoux 
     et des adaptations des bijoux anciens, sans toutefois compromettre 
     les créations du XVIIIème siècle.



       
     Détail du diadéme 




     Sur cette magnifique photo de la reine D.Amélia,
     on la voit porter la grande étoile de la parure.




     Collier 
     Or, argent, brillants, diamants 
     40x425mm
     Estêvão de Sousa
     Portugal, Lisbonne 1865
     Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa






     Détail du collier






       Bibliographie

     
        "Joias Reais"
        Joalharia Contemporânea Luso-Brasileira
        200 Anos Portugal - Brasil
        2008

       "A Joalharia em Portugal 1750-1825"
        Gonçalo de Vasconcelos e Sousa
        Livraria Civilização Editora
        2006

      "Cinco Séculos de Joalharia"
        Leonor d'Orey
        Museu Nacional de Arte Antiga, Lisboa
        Instituto Português de Museus
        1995

       "Tesouros Reais- As Jóias da Coroa Portuguesa"
         Isabel Silveira Godinho
         Ana Maria Batalha Reis
         Correios de Portugal
         Ambar, 1993
    
       "Tesouros Reais"
        Secretaria de Estado da Cultura
        Instituto Português do Património Cultural
        Palácio Nacional da Ajuda
        Lisboa, 1992

      
     
       

      
     
































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