Symboles du pouvoir royal
En 1640, une révolte du peuple portugais, soutenant le Duc
de Bragança, D.João, contre l'occupant espagnol, voit arriver
la 4ème dinastie.
Armoiries de la Maison Ducale de Bragança
Après les Maisons Bourguignone ou Alphonsine, d'Avis
et des Habsbourg, c'est la Maison de Bragança qui prend
en mains les destins du Portugal.
Le nouveau Roi, D.João IV, inaugure un nouveau rituel
pour la cérémonie du couronnement des rois du Portugal.
Pour son intronisation, la couronne fut déposée au pieds de
la statue de Notre Dame de Vila Viçosa, ville où se trouve le
Palais Ducal.
D.João IV sur son cheval, en plein centre de la place du palais
Praça do Rossio, Vila Viçosa, Alentejo
Palais Ducal de Vila Viçosa, Alentejo
Lieu de mémoire, se palais intègre les biens de la
Fondation de la Maison de Bragança, en accord
avec le testament du dernier Roi, D.Manuel II.
Le Palais Ducal est un édifice monumental dont la construction
a débuté en 1501, selon la volonté du 4éme Duc de Bragança,
D.Jaime. Son agrandissement et améliorations se poursuivirent
tout au long des XVIème et XVIIème siècles, conférant au bâtiment
sa dimension et caractéristiques actuelles - une façade comptant
110 mètres de longueur, unique du point de vue de l'architecture
civile portugaise et qui révèle une inspiration classique et maniériste.
De résidence permanente de la première famille de la noblesse
portugaise, le Palais devient une résidence royale parmis les autres,
avec l'acclamation de D.João, 8éme Duc de Bragança comme
Roi du Portugal, en 1640.
Le Palais Ducal sera le scénario de grands événements comme
ceux des doubles mariages entre les enfants de D.João V et,
plus tard, de D.Maria I avec ceux des souverains espanhols,
épisodes connus comme l'Échange des Princesses, afin de
renforcer l'alliance entre les 2 royaumes ibériques.
Ces mariages ont été à l'origine des travaux qui ont bénéficié
le Palais, au niveau de l'étage noble, de la cuisine et de la chapelle
royale, et cela au XVIIIème siècle.
Partie de la cuisine du Palais de Vila Viçosa
et son immense collection de cuivres
Au XIXème siècle, les visites jusqu'alors éphémères de la Famille
Royale deviennent fréquentes et pour cela les intérieurs du palais
sont améliorés tout au long des règnes de D.Luis I et de D.Carlos I,
pour plus de confort afin de recevoir la famille et la nombreuse
comitive, durant les excursions pendant les périodes de chasse.
Char à bancs commandé par la Reine D.Maria II, pour permettre
les déplacements de sa nombreuse famille.
Voiture de chasse, vers 1850
Fabrication de la firme Thrupp & Co.
Dim. 420x205x280 cm
Écurie du Palais de Vila Viçosa
Après l'établissement du régime républicain, en 1910,
le Palais Ducal est fermé et ses portes ne seront pas réouvertes
avant les années quarante, après la création de la Fondation de
la Maison de Bragança et suivant le testament du Roi D.Manuel II.
Le musée refflette la vie de ses différents occupants de jadis, avec
ses espaces intérieurs renaissants mais aussi ceux marqués par les
XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, habités successivement par
les ducs, puis par les souverains, à partir de D.Joāo IV,
8ème Duc de Bragança.
Les appartements privés sont restés tels quels et on imagine
facilement la présence de la reine D.Amélia, du Roi D.Carlos
et de leurs enfants, D.Luis Filipe et D.Manuel, dans cette atmosphère
nostalgique, d'un grand palais en plein milieu de la campagne.
Le Domaine Royal, dont une des portes d'accès se trouve non loin
du Palais est le plus grand espace muré du pays avec 6 km de
longueur sur plus de 3 km de largeur. En tout, le Domaine s'étend
sur plus de 1500 hectares, traversant les municipalités
de Vila Viçosa, Borba et de Elvas.
On peut y trouver une faune (des cerfs, des daims et des sangliers,
qui faisaient alors les délices des chasses, dont la famille de
Bragança a toujours été friande) mais aussi une flore très diversifiées.
Une des sales du Musée de chasse du Palais Ducal
Il ne faut surtout pas perdre cette visite au Palais, tout comme
le musée des carrosses, dont une grande partie est un dépôt
du musée des carrosses à Lisbonne, qui regroupe aussi les
voitures de la Maison Ducale, certaines de la Maison Royale,
auquelles se sont ajoutées de nombreuses voitures champêtres,
acquises par l'Etat au Conte de São Martinho, D.José de Siqueira.
La collection de Vila Viçosa, regroupant 80 exemplaires du XVIIème
au XXème siécles, ainsi que de nombreux harnachements de cheveaux,
est considérée la plus grande et la plus variée d'Europe,
Je ne peux pas m'empêcher de rendre hommage à la reine D.Amélia
qui a compris l'importance de cette collection extraordinaire et qui
créa le Museu dos Coches Reais à Lisbonne, en 1905, dans le
manège royal, construit en 1726 par l'architecte Giacomo Azzolini,
intégré dans l'ensemble du Palais de Belém, aujourd'hui siège
de la Présidence de la République.
La collection primitive exposée comptait 29 voitures, des uniformes
de gala, des harnais de tirage et des accessoires de chevalerie,
utilisés par la Famille Royale.
Aujourd'hui le Museu Nacional dos Coches, à Lisbonne, est un des
musées les plus visités au Portugal, toutefois, il ne faut surtout
pas négliger celui de Vila Viçosa, car le détour en vaut absolument la peine.
Voitures d'apparat, berlines, landaus, voitures de promenade,
cabriolets (à 2 roues), chaises à porteur, nous emmènent dans un monde
révolu mais qui n'a pas pour autant perdu tout son charme.
Partie de l'enceinte du palais
Vue latérale gauche
Panthéon ducal - église des Augustins
Mais revenons aux Joyaux de la Couronne
Pour le cérémonial de son intronisation, D.Joāo IV
décidé de changer la tradition, déclarant la Vierge,
véritable Reine du Portugal.
Dorénavant, les monarques portugais ne seront
plus couronnés mais acclamés. Présente, lors
de l'acclamation d'une nouvelle reine ou bien d'un
nouveau roi, la couronne aura un statut purement
symbolique, de souverainté, garant de l'unité et de
l'indépendance nationales et ne sera plus portée lors
des cérémonies officielles.
Avant l'occupation par les Habsbourg, les monarques
recevaient la sainte onction et étaient couronnés au
Monastère des Jerónimos, à Belém, près de Lisbonne.
L'effondrement du Palais de Ribeira, le 1er novembre
1755, durant le violent tremblement de terre, fut à
l'origine de la disparition à jamais de plusieurs joyaux
de la couronne, broyés par l'écroulement de la Tour Terzy,
où ils étaient conservés, détruits par le feu ou avalés par
la mer, qui déchaînée entra dans Lisbonne.
Seuls furent sauvés les bijoux portés par la Famille Royale
qui séjournait, ce jour-là, au palais de Belém, endroit qui
fut moins affecté.
D'autres fatalités de la nature attendaient la Famille Royale, quand
un violent incendie détruit complètement la nouvelle résidence royale
en bois, érigée sur les hauteurs d'Ajuda, richement meublé et garni
de préciosités qui sont disparues, en novembre 1794.
La mode de recouvrir les parquets de tapis de paille aura été fatale,
lors de la chute d'une bougie...
Cette résidence avait été construite en bois par ordre du roi,
afin d'éviter toute conséquence d'une éventuelle secousse sismique,
comme celle de 1755. Il faut signaler que de fortes répliques se sont
faites sentir pendant plusieurs mois après le grand séisme.
Il faut, je pense, être d'accord avec les propos du conservateur
Gérard Mabille, tenus dans le livre "Orfèvrerie française des XVIème,
XVIIème et XVIIIème siècles, chez Flammarion, Paris, 1984"
quand il nous dit que «la disparition des bijoux n'a jamais été
accidentelle, bien au contraire, c'est leur conservation et leur
existence qui finit par nous étonner».
Quand la cour s'installa au Brésil, des suites des invasions françaises
de la Péninsule Ibérique, au début du XIXème siècle, D.João VI fit
faire de nouveaux bijoux et enseignes royales, puisant dans les riches
collections de diamants et autres gemmes qui appartenaient
à la Couronne du Portugal.
Il ne faut pas oublier que tout diamant trouvé au Brésil, ayant 20 carats
ou plus, était directement propriété de la Couronne.
Ces objets furent créés par le joaillier de la maison royale,
António Gomes da Silva, mais aussi par le polonais,
Ambroise Gotlieb Pollet.
Couronne Royale du Portugal
António Gomes da Silva, orfévre du Roi D.João VI
Rio de Janeiro, Brésil, 1817
Or, argent, velours, fer
300x395mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Cette grande couronne est composée de huit arcs perlés
fermés reposant sur des feuilles d'acanthe, qui supportent
une sphère sur laquelle s'élève une croix radiante.
La base présente une frise aux feuilles de laurier.
Détail de la couronne
À la mort de D.Maria I, en 1817, le garde-joyaux
de la Couronne - le Vicomte de Vila Nova da Rainha,
- a payé à l'orfèvre António Gomes da Silva les objets
nécessaires à la cérémonie d'acclamation du nouveau
souverain, D.João VI.
Avec le départ de la Famille Royale portugaise
et de la Cour, vers le Brésil en 1807, un grand nombre
d'artisans de toutes professions ont débarqué avec leur
savoir faire et ont travaillé et enseigné leurs arts.
C'est Inácio Luís da Costa qui a réalisé dans l'atelier d'António
Gomes da Silva, à Rio de Janeiro, la nouvelle couronne royale
portugaise qui accompagnera tous les Rois du Portugal,
de D.João VI jusque D.Manuel II.
Sceptre de la monarchie absolutiste (partie supérieure)
Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves
Or
Début du XIXème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Manteau royal de la monarchie absolutiste,
créé pour l'acclamation du Roi D.João VI
à Rio de Janeiro, le 6 février 1818
Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves
Début du XIXème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
D.João VI Roi du Royaume Uni du Portugal, Brésil et Algarves
Le souverain porte plusieurs joyaux de la couronne:
les boutons sertis de diamants sur la jaquette et sur le gilet;
en bandeau sur l'épaule droite - retenues par une barrete -,
le grand insigne (que l'on peut voir plus bas sur un détail
de ce tableau) des trois Ordres Militaires et Religieux Portugais:
ceux du Christ, de Saint Benoit d'Avis et de Saint Jacques de l'Épee
réunis par la Reine D.Maria I et celui de l'Ordre de Charles III d'Espagne.
Le Roi porte aussi le grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or,
la grande plaque des trois Ordres et la plaque de l'Ordre de Charles III
(D.João VI s'est marié avec D.Carlota Joaquina, fille du roi Charles III).
Inspirés de l’idéal chevaleresque et de la solide organisation
des ordres chevaleresques et religieux, les princes européens
fondent à partir du XIVème siècle leurs propres ordres afin de renforcer
leur puissance politique en s’assurant la fidélité de la noblesse.
C'est dans cette tradition que D.João, encore prince régent,
crée le 4 novembre 1801 l'Ordre Royal de Ste Isabelle
(reine du Portugal entre 1282 et 1325). Cet Ordre était
exclusivement féminin et était décerné à des dames catholiques,
de la haute noblesse, dont le nombre était limité à vinte six.
Argent, brillants (20 boutons)
12x18mm
Portugal, XVIIIème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Argent, brillants, diamants roses (23 boutons)
13x21mm
Portugal, XVIIIème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Ces boutons sertis de diamants se reconnaissent sur
l'iconographie des souverains portugais à partir de D.José I,
comme on peut le reconnaître ci-bas, sur un détail
d'un tableau représentant D.João VI.
L'ensemble comptait à l'origine 86 boutons. Sur l'inventaire
établi entre 1842 et 1844, leur nombre s'élevait à 46.
Il en reste 43, dont 23 boutons ayant au centre un diamant
de 15 carats entouré de deux cercles concentriques de
diamants de moindre dimension.
Les 20 autres boutons, de la même forme, ont un diamant
de 10 carats au centre.
Ordres Militaires et Religieux
Grand insigne des Trois Ordres Militaires
et Religieux Réunis (Christ, Saint Benoît d'Avis
et Saint Jacques de l'Épée) surmonté du Sacré Coeur.
Ambroise Gottlieb Pollet
Portugal, Lisbonne, 1789
Or, argent, brillants, rubis, émeraudes
159x102x20mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
L'ensemble intègre quelques gemmes de grande taille
et qualité surprenantes, leurs poids se situant
entre 12 et 26 carats.
suspendu au bandeau que porte D.João VI.
Le Sacré Coeur surplombe le grand insigne et la grande
plaque des Trois Ordres. Citant Eduardo Romero de Oliveira,
docteur en Histoire et professeur à l'Universidade Estadual
Paulista, au Brésil, dans son article "L'idée d'un Empire et
la fondation de la monarchie constitutionnelle au Brésil
(Portugal - Brésil, 1772-1824); «pendant le régne de
D.Maria I (...), les Ordres religieux du Christ et de Saint
Jacques de l'Épée promouvaient l'exercice de l'amour
du Christ, symbolisé par l'insigne du Sacré Cœur, en tant
que pratique civile de dévotion. La dévotion devient plus
visible par des décorations monarchiques, qui sont attribuées
en reconnaissance de services rendus au Régent
(futur D.João VI). C'est de cette façon que le règne de
D.Maria I initie un culte religieux à travers l'État:
L'obédience politique a pour but l'amour envers Dieu.
Ainsi, (...) l'État devient plus religieux dans son fonctionnement
et ses fins car la promotion des vertus chrétiennes s'établirait
par l'éxecution des fonctions publiques. La relation entre
dévotion et assujettissement s'altère donc, car si auparavant
l'ancienne notion d'empire les remettaient à une dimension
distincte (empire civil et église), à partir du règne de D.Maria I
elles se superposent dans la notion d'empire civil.»
Il faut aussi tenir compte que, à la fin du 18éme siècle,
la dévotion au Sacré Cœur sera le fanion des catholiques
fidèles, en Europe, face à la Révolution française.
Cet ordre était la distinction honorifique la plus élevée, dont les
souverains et souveraines du Portugal étaient le grão-mestre
(grand-maître) et pouvait seulement être accordé à d'autres
chefs d'état.
De nos jours il est porté exclusivement par les présidents
de la république, qui le reçoivent quand il prêtent serment.
Revers du grand insigne
Grande plaque des Trois Ordres Militaires et Religieux Réunis
Ambroise Gottlieb Pollet
Portugal, Lisbonne, 1789
Or, argent, brillants, rubis, émeraudes
129x122x22mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
L'ensemble des brillants tourne aux alentours de 600 et le
poids s'éléve à environ 117 carats. On y retrouve aussi
109 rubis et 66 émeraudes.
L'Ordre Militaire du Christ fut établi par le Roi D.Dinis
en 1318 et confirmé par la Bulle Ad ea quibus, attribuée
par le Pape Jean XXII à Avignon, en mars 1318.
En effet, D.Dinis en avait fait la demande au souverain
pontif afin de parvenir à ce que le nouvel Ordre puisse
succéder à l'Ordre du Temple, éteint en 1311 par le
Pape Clément V.
Les biens que les Templiers avaient au Portugal ont étés
attribués au nouvel Ordre de Notre Seigneur Jésus Christ,
dont le premier siège fut instalé à l'église de Santa Maria
do Castelo, à Castro Marim.
En 1356, le siège est transféré au château de Tomar,
ancien siège de l'Ordre du Temple au Portugal.
C'était alors un ordre religieux au sens le plus strict,
ayant pour souverain le Pape et étant les Grands-Maîtres
des chevaliers profès avec vœux de pauvreté.
Le grand moment pour l'Ordre fut la nomination de l'Infant
D.Henrique (Henri dit le Navigateur), duc de Viseu, comme
gouverneur et administrateur. Le célèbre Infant, seigneur
d'une grande partie des terres du royaume, ne pouvait
prêter serment de pauvreté, ce pourquoi ce nouveau poste
fut créé.
Les importantes ressources des biens gérés par l'Infant,
sont alors utilisés afin de permettre le financement des
Découvertes, grand projet national. La Couronne Portugaise
exerçait de cette façon le contrôle total de l'Ordre du Christ,
qui surveillait non seulement l'administration spirituelle sur
les térritoires découverts mais aussi l'administration temporelle,
ce qui la rendait très puissante.
L'Ordre de la Toison d'Or
Grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or
Ambroise Gottlieb Pollet
Portugal, 1790
Or, argent, brillants, rubis, saphir du Ceylan
272x122x27mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
L'Ordre de la Toison d'Or fut créé à Bruges en 1429,
à l'occasion du mariage entre Philippe le Bon, de la
Maison de Bourgogne et de l'Infante Isabel du Portugal,
fille de D.João I.
Nomée ainsi par référence à la légendaire toison - peau
dorée d'un bélier venu du ciel qui, imbue de pouvoirs
magiques, était pendue à un arbre en Colquide et aurait
été l'objectif de l'expédition des Argonautes, dirigés par
Jason, qui aidé par Médée l'aurait conquise.
Ce fut pour donner l'exemple de Jason et de ses
compagnons, dont faisaient partie les grands héros de
l'époque, comme Ulisses et Hercules, que le
«Grand-Duque d'Occident» établi l'Ordre.
Placée sous la protection de Saint André et initialement
composée par 24 chevaliers, il représente la dernière
tentative de créer une élite de chevaliers, associés aux
vastes ambitions de la Maison de Bourgogne, qui pendant
trois siècles fut liée à la monarchie portugaise.
Aprés la mort de Charles II d'Espagne, chef de la Maison
de Habsbourg, l'Ordre fut divisé en deux branches,
l'espagnol et l'autrichien.
L'Ordre de la Toison d'Or est composé uniquement par
une classe de dignitaires appartenant presque
exclusivement à des familles royales et de la haute noblesse.
Selon des documents datés de 1825, la Toison d'Or aurait
été attribuée au prince D.João (futur Roi D.João VI, qui est
ainsi devenu le membre nº802, le 3 Mai 1785 au Palais
de Vila Viçosa.
Détail du Grand Insigne de l'Ordre de la Toison d'Or
Partie arriére du Grand Insigne de l'Ordre de la Toison d'Or
D.João VI portant le Grand Colier
de l'Ordre de la Toison d'Or
Une barrete sur l'épaule soutient le bandeau
des 3 Ordres Réunis et celui de l'Ordre
de Charles III d'Espagne
Portugal, XIXème siècle
Barrete de soutient pour bandeau d'ordre
Or, diamants blancs et jaunes, rubis et spinelle
99x36x13mm
Portugal, XVIIIème siècle (1ère moitiée)
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Cette barrete est formée de 3 corps. Celui de droite intègre
un rubis de taille octogonale entouré de 7 brillants; le corps
central est formé d'un gros brillant oval de couleur jaune
clair, ayant 17 carats, et d'un diamant, juste à côté, taillé
à l'ancienne et en forme de poire; le corps à gauche de
la photo présente en son centre une grosse spinelle ayant
22 carats entourée de brillants et un gros brillant de couleur
jaune, taillé à l'ancienne, avec un poids de 22 carats.
Ce bijoux est repris sur l'inventaire des biens du Roi
D.João VI datant de l'année 1827.
Détail de la barrete précedente
Barrete de soutient pour le bandeau
des Trois Ordres Reúnis
Argent, vermeil et diamants
Ambroise Gottlieb Pollet
109x37x16mm
Portugal, XVIIIème siècle (2ème moitiée)
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Cette barrete de soutient du bandeau des Trois Ordres Réunis
- que l'on retrouve ici bas sur l'épaule droite de la Reine D.Maria I -,
est composée de trois gros diamants entourés d'autres de
moindre dimension. Elle était utilisée lors de l'acclamation du
nouveau souverain comme Roi ou Reine du Portugal.
Elle est formée de 3 corps, étant le supérieur et l'intérieur
formés par 2 gros brillants, l'un ayant un poids de 19,50 carats
et l'autre de 22, entourés par des diamants de moindre dimension.
Le corps central présente un magnifique diamant en forme de
poire avec un poids de 16,50 carats.
D.Maria I - première Reine régnante du Portugal
Portugal, XVIIIème siècle
D.Miguel I
Le Roi porte le grand insigne de l'Ordre de la Toison d'Or,
les plaques des Trois Ordres Réunis, du Saint Esprit (française),
de Nossa Senhora de Vila Viçosa et celle de l'Ordre de la Tour
et de l'Épée.
Épée du Roi D.Miguel I (détail)
Or, acier, diamants, brocards
Portugal, première moitié du XIXème siècle
Manche et boucle de ceinture de l'épée de D.Miguel I
Or, acier, diamants, brocards
Portugal, première moitié du XIXème siècle
L'Ordre de Notre Dame de Vila Viçosa
Plaque de l'Ordre de Notre Dame
de la Conception de Vila Viçosa
Sur la plaque on peut lire "Padroeira do Reino"
- Patrone du Royaume
Or et émaux
Portugal, première moitiée du XIXème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Crée en 1818 par D.João VI, à Rio de Janeiro, plus
précisément le 6 février, date de son acclamation
comme Roi du Portugal, cet Ordre reconnaît la
«protection efficace de la Patrone du Royaume,
face à laquelle l'Omnipuissant a protégé cette
monarchie des grands dangers qui la menacent
par la révolution générale en Europe (...)».
L'enseigne de l'Ordre fut dessinée par Jean Baptiste
Debret (1768-1848), peintre français qui avait été
appelé à Rio afin de former l'Institut des Beaux Arts
en 1815.
Debret est devenu peintre de la famille Impériale du
Brésil, où il s'est établi jusqu'en 1831.
L'Ordre de la Tour et de l'Épée
Grand collier de l'Ordre de la Tour et de l'Épée
Or, argent, diamants, brillants et émeraudes
Palácio Nacional da Ajuda, Belém, Lisboa
Le prince régent D.João signe un décret en mai 1808,
rétablissant un suposé ancien Ordre de la Tour et de l'Épée,
établi en 1459 par le Roi D.Afonso V, inspiré par la légende
selon la quelle la domination arabe de l'Afrique serait
anéantie quand un prince chrétien arriverait à extraire une
épée encastrée dans une tour à Fès, au Maroc.
(In Chancelaria das Ordens Honoríficas Portuguesas,
Imprensa Nacional, Lisbonne, 1968, p.31).
L'Ordre de l'Épée aurait servi à récompenser les services
de chevaliers qui seraient partis à la conquête de l'Afrique.
Elle aurait été extinte après avoir été décernée aux chevaliers
qui ont pris part à l'occupation d'Arzila et de Tanger.
Toutefois il y des courants d'opinion qui soutiennent que
l'existence de l'Ordre au XVème siècle n'est qu'une légende.
Le prince régent D.João voulût ainsi créer un Ordre pouvant
être attribué à des fidèles d'autres cultes et communions,
non catholiques, contournant ainsi l'impossibilité d'attribuer
les anciens ordres religieux traditionnels.
Le motif de sa création se justifiait dans le cas tout particulier
de la récompense des anglais ayant participé au transfert
de la Cour portugaise au Brésil, lors des invasions françaises.
Il porte la devise "Valor e lealdade" (Valeur et loyauté).
Le texte du décret nous informe que la décision fut prise afin
de rénover et augmenter le seul Ordre de chevalerie civil ayant
été créé par les Seigneurs Rois du Portugal", se référant
au Roi D.Afonso V (in Melo, Olímpio de; Ordens Militares
Portuguesas e outras Condecorações, Imprensa Nacional,
Lisboa, 1922, p.8).
Le Roi D.Pedro V (1837-1861), porte de Grand collier
de l'Ordre de la Tour et de l'Épée
D.Manuel II, le jour de son acclamation.
Fils de D.Carlos I, le Roi assassiné en 1908 et
de D.Amélia d'Orleans (née princesse de France).
On peut voir à sa droite la couronne et le sceptre
Il porte le Grand insigne, suspendu à la bande,
des 3 Ordres Réunis (Ordre du Christ, Ordre d'Avis
et Ordre de Saint Jacques de l'Épée) et le collier
de l'Ordre de la Tour et de l'Épée, entre autres.
Lisbonne, le 6 mai 1908
Partie supérieure du sceptre de la monarchie constitutionnelle
Un dragon, symbole de la dinastie de Bragança soutient
la Charte constitutionnelle et la couronne
Or
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
D.Maria II - deuxième Reine régnante du Portugal.
La souveraine tient le sceptre constitutionnel posé
sur son bras gauche.
Manteau royal de l'acclamation de D.Maria II,
de D.Pedro V, de D.Luis I, D.Carlos I et de D.Manuel II
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Quelques bijoux portés par les reines du Portugal
Médaillon (43x48x8mm) et pendentifs (41x19x11mm)
Or, argent, saphirs, brillants et diamants roses
Ambroise Gottlieb Pollet
Portugal, XVIIIème siècle (2ème moitié)
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Ce médaillon est constitué d'un grand saphir ayant 100,05 carats.
Les pendentifs en forme de poire, qui peuvent être séparés,
apparaissent avec ou sans le médaillon sur des iconographies
des reines D.Maria Pia de Savoie et Bragança
et D.Amélia d'Orléans et Bragança.
Les pendentifs pouvaient être portés en boucles d'oreille
ou en ensemble avec le médaillon portés attachès
à des colliers de diamants.
Les pendentifs
Des miniatures qui se portent en bijoux
La reine D.Carlota Joaquina de Bourbon,
tient une miniature montée en médaillon
qui représente son mari, le Roi D.João VI
Bague représentant
D.Carlos Luís de Bourbon (1799 - 1883)
Espagne, seconde moitié du XVIIIème siècle
Peinture sur ivoire, brillants, or, cristal
45x27x27mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Ce jeune homme était le neveu
de D.Carlota Joaquina.
Roi d'Étrurie à l'âge de 4 ans, son royaume
éphémère fut annexé par Napoléon, en 1807.
Miniature montée sur médaillon représentant
le Roi Charles III d'Espagne (1716 - 1788)
père de D.Carlota Joaquina
Espagne, seconde moitié du XVIIIème siècle
Peinture sur ivoire, brillants, or, soie, cristal
56x37x6mm
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
L'art de la miniature est généralement considéré comme
l'héritier de l'iluminure médiévale. Déjà en vogue avant le
XVIème siècle, c'est pendant ce même siècle que le
portrait-miniature connaît son grand essor, renforçant
une volenté d'affirmation individuelle et du portrait
caractéristiques de l'humanisme.
On considère, tout au long des XVIème, XVIIème, XVIIIème
et XIXème siècles, deux grandes écoles de miniaturistes,
l'une française et l'autre anglaise.
Il y a eu de très bons miniaturistes au Portugal, surtout
pendant le XVIIIème et la première moitié du XIXème soècles.
Pendant la guerre civile entre libéraux et les partisans de
l'ancien régime (absolutistes), entre 1832 et 1834, les nobles,
partisans de l'absolutisme portaient des portraits-miniature
du Roi D.Miguel, souvent incrustés sur des médaillons ou
bien des bagues, alors que les libéraux les portaient à
l'image de D.Pedro IV.
Broche
Or, argent et brillants (le gros brillant de couleur jaune
fait 32 carats)
63x47x15mm
Portugal, XVIIIème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
2 Broches en forme de trèfle
Or, platine, argent, brillants et diamants roses
33x25x20mm
Portugal, 2ème moitié du XIXème siècle
Ils ont été volés à La Haie en 2004
Bracelet ayant une montre
Or, émaux, diamants roses
55x76mm
France, 1ère moitié du XIXème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Ce bracelet a appartenu à la Reine D.Maria II.
Bracelet
Cristal de roche, or, diamants roses et brillants
34x70mm
France, 1ère moitié du XIXème siècle
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Diadème
Or, argent, brillants, diamants
93x150mm
Estêvão de Sousa
Portugal, Lisbonne 1863
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa
Ce diadème que l'on peut voir ( en partie) porté par la reine D.Amélia,
ici-bas, est constitué au total par vinte cinq étoiles de 5 pointes,
placés en tremblant.
Chaque étoile intègre en son centre un gros diamant
entouré de brillants plus petits et par des diamants
qui se prolongent vers les pointes.
Les neuf étoiles plus grandes - leur taille diminue
graduellement de l'avant vers l'arrière -, sont amovibles
et se trouvent marquées de letres (de A à I), se qui permetait
leur utilisation de façon différente et les replacer par après
à leur place respective, ce qui était l'habitude dans la
bijouterie du XIXème siècle.
Le diamant central de l'étoile la plus grande a 21,60 carats.
Des 562 pierres utilisées, 502 sont taillées en brillant et
62 sont taillées à l'ancienne. Personnellement, j'ai toujours
apprécié davantage les anciennes tailles, car elles ont
beaucoup plus de charme.
Le diadéme est de nos jours complété par un collier
intégrant 18 étoiles.
Crée en 1863, par le bijoutier Estêvão de Sousa, avec des
diamants de la Couronne, ce diadéme fut complété en 1866
par: un devant de corsage composé de 19 étoiles, une broche
à grande étoile unique, 2 étoiles pour les épaules, 16 demi-étoiles,
un collier comportant 18 étoiles, un long bracelet intégrant
20 étoiles, un peigne formé de 5 étoiles et une paire de boucles
d'oreilles comportant 2 étoiles.
Cette grande commande faite par le Roi D.Luis I, fut oferte à la reine
D.Maria Pia (future belle-mère de D.Amélia), en 1863 et 1865.
Quand D.Maria Pia de Savoie devint reine du Portugal,
son mari, le Roi D.Luís I fit faire plusieurs nouveaux bijoux
et des adaptations des bijoux anciens, sans toutefois compromettre
les créations du XVIIIème siècle.
Détail du diadéme
Sur cette magnifique photo de la reine D.Amélia,
on la voit porter la grande étoile de la parure.
Collier
Or, argent, brillants, diamants
40x425mm
Estêvão de Sousa
Portugal, Lisbonne 1865
Palácio da Ajuda, Belém, Lisboa

Détail du collier
Bibliographie
"Joias Reais"
Joalharia Contemporânea Luso-Brasileira
200 Anos Portugal - Brasil
2008
"A Joalharia em Portugal 1750-1825"
Gonçalo de Vasconcelos e Sousa
Livraria Civilização Editora
2006
"Cinco Séculos de Joalharia"
Leonor d'Orey
Museu Nacional de Arte Antiga, Lisboa
Instituto Português de Museus
1995
"Tesouros Reais- As Jóias da Coroa Portuguesa"
Isabel Silveira Godinho
Ana Maria Batalha Reis
Correios de Portugal
Ambar, 1993
"Tesouros Reais"
Secretaria de Estado da Cultura
Instituto Português do Património Cultural
Palácio Nacional da Ajuda
Lisboa, 1992
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